Flâner, musarder, coincer la bulle... Bien s'ennuyer à deux est un art que seuls les amants savent cultiver. Ce week-end-là, j'ai donc demandé à mon homme de me prouver l'intensité de son amour. Et parce que l'oisiveté amoureuse est un passe-temps festif, pour l'occasion, nous avons choisi de sabrer le champagne lors d'un week-end à Reims. Là où les petites bulles ont une jolie couleur cuivrée et semblent pétiller mieux qu'ailleurs.
Errances champenoises, morceaux choisis. Ou l'art de paresser sans culpabiliser.
Comme une bulle de champagne... Mon cur virevolte.
45 minutes de TGV, et nous nous engouffrons dans un taxi qui file vers les collines. En vue : Reims et le Domaine Pommery. Pourquoi m'emmener visiter une cave gallo-romaine en plein week-end romantique, sinon pour désinhiber mes ardeurs matinales quelques peu ensommeillées ? Un escalier de 116 marches nous mène dans les profondeurs de la terre... Laissez-moi rêver : 30 mètres, c'est profond ! 18 kilomètres de galeries, creusées dans la craie, sculptées ça et là des immenses bas-reliefs XIXème de Navlet (qui, de travailler à la lueur de la bougie, s'en est rendu aveugle) et habillées des survivances de la dernière expo d'art moderne Expérience 4. Sans oublier, bien sûr, les 20 millions de bouteilles au vert fumé par lequel la lumière transparaît, comme irréelle. La magie du lieu nous emporte. Il y fait frais et sombre. Dans un élan passionné, nous tentons une échappée... Semer la guide sans perdre de vue la sortie, et la coupe de champagne qui nous y attend, tel fut notre défi... Amoureux, mais pas fous !
Dans une bulle dorée... Nous nous installons, affam
és.
Sous la verrière Jacques Simon, mon regard cherche un endroit où se poser. Autant de miroirs, tableaux, lustres et pampilles Art Déco, fouillis hétéroclite, curiosités pour les yeux et délices pour les papilles, qui ne seront certainement pas en reste... Amusement pour l'esprit, aussi, d'écouter Jean-Louis, colosse à la mine badine, nous vanter une carte à tonalité anecdotique : "Après s'être essayé, sans succès, à une carrière de chauffeur de taxi sur Paris, mon grand-père rentre à Reims pour ouvrir son propre café... Blanquette de veau à l'ancienne ou potée Champenoise ? En 1930, il se rapproche du centre ville de Reims et rachète le Café du Grand Théâtre, rebaptisé Café du Palais. Le succès est immédiat. Les plus grands artistes régulièrement s'y rassemblent pour des concerts de jazz, des expos... Assiette de foie gras maison avec toasts et salade pour Monsieur. Tagliatelles aux escargots de Bourgogne et aux morilles pour Madame. Monsieur donnera certainement un coup de fourchette dans l'assiette de Madame au besoin, très bien. Madame met une option sur la tourte aux mangues, c'est noté. "Sous la voûte céleste en verre indigo, le champagne coulait, et le temps défilait... Et mon amour, mon cur m'avait une fois de plus ensorcelé.
Affriolés par une bulle de gourmandises... Mes sens s'affolent.
Une marche digestive s'impose... La cathédrale de Reims, les rues pavées, la place Royale. Nous bifurquons sur la gauche. Une première halte : La Petite Friande, chocolatier. Aussitôt suivie d'une deuxième : Les Biscuits Fossier. J'ose une pensée pour mes amis. Osé-je ? Oui, mais je goûte d'abord. Gourmande est toujours meilleure juge. Et mauvaise foi est mon maître mot.Bulle pralinée au chocolat noir et bouchons au marc de champagne : voilà une première mission fièrement menée. Au deuxième arrêt, je craque pour les biscuits roses version mini, poudrés, croquants. Tellement mignons, on n'en fait qu'une bouchée.