Moi : Tu fais quoi dans la vie ?Solène : Journaliste voyageMoi : Mais sinon t'as un métier ? (Note pour plus tard : ne plus jamais faire de provocation gratuite, et attendre de voir avant de la ramener... )
Elle a l'habitude Solène, des réflexions de ce type.
Journaliste voyage = cocotiers à admirer + cocktails à siroter (et pas l'inverse) + hôtels luxueux où habiter, le tout, tous frais payés. Oui, mais pas que...
"On a souvent l'impression que mon travail se résume à des vacances payées toute l'année, à lézarder sur des plages. Ce n'est pas du tout la réalité. En revanche, ne compte pas sur moi pour m'en plaindre car j'ai une chance inouïe : avoir fait de ma passion mon métier."
Et c'est bien d'une passion dont il s'agit : bac L en poche, Solène se lance dans des études de communication. "On m'avait toujours dit que le milieu du journalisme était fermé. Alors autant dire que vouloir "percer" dans celui de journaliste de voyages, c'était un peu comme vouloir rencontrer le père Noël. Comme je ne croyais plus au Père noël, je me suis lancée dans la communication." Mais malgré les recommandations, l'idée continue à faire son chemin, et Solène décroche plusieurs stages dans des rédactions. "Ce sont ces expériences qui m'ont permis de mettre un pied, puis deux dans le journalisme. Aujourd'hui, j'écris pour plusieurs sites internet et magazines, et je suis spécialisée dans le tourisme." Comme dans ses rêves, en quelque sorte. Un rêve avec tout de même quelques réveils difficiles : "Vivre constamment avec un décalage horaire, passer des nuits seule dans une chambre d'hôtel, travailler en horaires décalés, passer beaucoup de temps loin de mes potes et de ma famille, gérer une vie de famille quand vie de famille il y aura... C'est un peu le côté obscur de la force, le revers de la médaille, auquel on ne pense pas forcément en se lançant !"
Et concrètement, ça commence comment la journée d'une journaliste voyage ?
Jamais pareil... "Aujourd'hui, le programme de la matinée : c'est préparation du prochain comité éditorial d'un magazine féminin. Je dois envoyer à l'avance quelques propositions de sujet."
Comment tu dégottes tes idées ?
"Je reçois très régulièrement des communiqués de presse sur l'actualité de l'univers du tourisme. Tiens, rien qu'aujourd'hui, courriers et mails confondus, j'ai reçu 12 infos."
"Parfois, ce sont aussi des invitations pour des conférences de presse destinées à nous sensibilier sur une destination, un produit touristique ou une problématique. Enfin, il y a les voyages de presse, les fameux !"
"En dehors de ces sources "officielles", il y a aussi un travail de recherche et de réflexion personnelle qui est super important pour moi. Le danger, c'est de parler de choses parce qu'on a reçu des infos dessus, sans se demander si ça peut vraiment intéresser les lectrices. Je fais très attention à toujours garder du recul par rapport à ça, et à me demander tout le temps : si j'étais une lectrice, est-ce que j'aurais envie de lire ça ? Qu'est-ce qui m'intéresserait ? Quel endroit j'aurais plaisir à découvrir, pour m'informer ou juste pour rêver ?"
Nouvelle mission : la rédaction d'un article, suite à un reportage en Irlande.
"C'est très différent du voyage de presse dont j'ai parlé tout à l'heure. Ce dernier est organisé par une structure, et on part à plusieurs. On peut être de 3 à 80 journalistes, et le programme est établi par avance." "Dans le cas du reportage, j'organise seule mon déplacement, en fonction du sujet que j'ai envie de traiter. C'est à moi de prévoir ce que je ferai, de prendre contact avec les personnes que je souhaite interviewer sur place, etc... Je me renseigne avant en passant des coups de fil, en me documentant, je décolle, je fais mes petites affaires sur place, je prends les photos, et en rentrant, j'écris mon papier.""J'aime particulièrement ce type d'articles parce que c'est un peu "mon bébé" à chaque fois. Je l'ai porté du début à la fin du voyage, et j'ai vraiment pu me mettre à la place de n'importe quelle touriste qui débarque dans un lieu inconnu."