Révélation à Séville
Le sourire pétillant et le cheveu de jais, Soledad Cuesta affiche tous les symptômes d'une danseuse de flamenco... heureuse. "J'adore mon métier !", clame-t-elle avec vigueur. Aucun doute là-dessus. Cette jeune femme vit son art avec passion et sans concession. Si elle affiche des origines espagnoles par sa mère, elle est née à Toulouse et raconte ne pas avoir été particulièrement bercée par le flamenco dans son enfance. "C'est en assistant à un spectacle un jour à Séville que j'ai été subjuguée !", se souvient-elle. A 22 ans, elle choisit "d'entrer en flamenco" et apprend cette danse exigeante avec Isabel Soler à Toulouse. Puis part vivre en Espagne, courant de Séville à Madrid ou Jerez.
Ça impressionne. Ça fascine. Ça intrigue.
Son objectif : s'imprégner de ce fascinant art de vivre andalou qu'est le flamenco, découvrir les secrets de ce baile envoûtant et faire siens les référentiels culturels ibériques. Elle se forme auprès de grands danseurs tels que Rafaela Carrasco, Belen Maya, Eva la Yerbagüena et Joaquin Grilo. Et se produit sur de nombreuses scènes avec différentes compagnies.Aujourd'hui, elle est danseuse et professeur. L'Atelier Flamenco à Toulouse ne désemplit pas. Les élèves de 6 à 82 ans (et oui !) se succèdent sur le plancher pour apprendre cette danse fière et fougueuse. Soucieuse de préserver les schémas traditionnels du baile flamenco, Soledad l'enrichit néanmoins d'une écriture contemporaine.Soledad explique : "Il faut lâcher de la tête et s'immerger dans la danse. Dans le flamenco, on ne juge personne. L'effort physique, le fait de frapper du pied, permet un lâcher-prise de l'esprit ! C'est un peu une thérapie. J'ai souvent vu des personnes arriver les épaules basses et repartir le menton haut ! Dès qu'elles commencent à danser, on voit quelque chose qui lâche dans le visage, qui s'illumine, qui s'anime".
Soledad le dit volontiers : "Le flamenco se met dans tous les corps ! Les grands, les petits, les gros, les maigres ! C'est une danse exigeante, qui demande beaucoup de travail et un vrai engagement personnel, mais c'est aussi une danse qui permet d'être ce qu'on ne peut pas être dans la vie". Entendez que dans ce baile andalou, on ne triche pas. On exprime par la danse les émotions profondes qui nous habitent.
Ces danseuses flamboyantes nous paraissent inaccessibles et l'on se sent immédiatement gauche et disgracieuse...
Pourtant, pas d'interdit dans le flamenco.
Et rien d'impossible à quiconque. Il suffit de le vouloir et de se donner la peine.