Finalement, j'en passe du temps là-dedans. Ca fait partie de ma vie de citadine, et de ma vie tout court. Depuis l'adolescence, où c'était la liberté, l'excitation des premières sorties... Et maintenant ?
Départ travail. 7 heures 40
Oh, que de monde sur le quai ! Je ne peux pas m'asseoir. Ce n'est pas grave. Je regarde autour de moi et je remarque tout de suite les retours proches de vacances. La toast attitude a encore des adeptes, visiblement. Je mate en douce la mode de la rentrée sur certains éléments déjà à la page. Je les félicite intérieurement.
Au bout de trois stations, je peux m'asseoir et sortir ma panoplie numéro 1 :
Ma palette de maquillage. Oui, j'ose. J'irai pas jusqu'à étaler mon fond de teint sous le regard des bosseurs metroïdes, mais lèvres, paupières, fard, et un petit coup de mascara, "why not ?". On est libre.Ensuite, après avoir jeté un oeil au planning du matin, le journal. Mmmh. Les news, j'adore. Perso, je zappe la page économie. Je lis les titres, et je décide finalement aujourd'hui d'approfondir ma connaissance du régime iranien actuel, entre Madeleine et Vaugirard. Elément subsidiaire de la panoplie numéro un : le croissant ou le pain au chocolat, en cas de grrros retard. Allez plus que deux stations : je calcule une minute trente par station. Ca ira en marchant vite !
Fin de journée : 18 heures 30
Un air de saxo se promène dans les couloirs, et j'en profite, au coin, pour me prendre deux melons et une barquette de fraises pour pas cher. "Au revoir, à demain"Dans le wagon, vu le monde, je reste debout, et je m'accroche à la barre, assez haut pour ne pas mettre ma main là où tout le monde a mis la sienne.
Panoplie numéro 2 : "comment passer du bon temps ?"
L'i-pod : élément presque indispensable pour métamorphoser son environnement, mettre une touche d'émotion, d'électricité à son moment métro. Attention aux peloteurs ! Gare ! On crie fort et ce sont eux qui se sentent mal à l'aise. Bien fait.On fait attention de ne pas trop se lâcher en doublant Janis Joplin. Si place assise... mon roman.J'ai un ami qui a lu toute "La recherche du temps perdu" dans le métro. Drôle !Bref, à "Saint-Lazare", véritable place de l'étoile du métro, j'opère mon changement sans me tromper. Au début, il y a eu des confusions, des erreurs de direction parce que grosse fatigue de fin de journée. Perte de temps énervante. Mais là je pilote bien. Si je ne loupe pas ma station pour cause de rêverie intempestive, je serai chez moi bientôt.
Entre "Bourse" et "Sentier", quelques minutes d'arrêt
Joli petit wagon est à peine entré dans le tunnel (Bonjour la métaphore fastoche), que le métro ralentit et s'arrête. Normal. Ca arrive tout le temps. Au bout de trente secondes environ, les premiers râleurs élèvent la voix. Une minute plus tard, quelques personnages téméraires osent briser la glace et communiquer avec leur voisin voisine. "Mais qu'est-ce qui se passe ?"
La panoplie numéro 3 : faire face !
Le clou, c'est si la lumière s'éteint, et puis plus rien ne se passe. Encore une minute. Le temps semble long. Je peux alors commencer à sentir l'angoisse s'immiscer. Claustro ou trop d'infos ? Je ne sais pas. Mais dans ces cas-là, la panoplie numéro trois "faire face" peut être très utile. Nous avons l'homéopathie... ignatia ou gelsemium pour peur, aconitum napellus pour grosse panique. Si c'est plus puissant, il y a le xanax, et enfin le "rescue" des fleurs de Bach si on est au bord de l'évanouissement. Mais heureusement la lumière se rallume sous les "aaaaaah" de soulagement, et ça repart. La vita e bella...
Trouble qui monte dans le métro aérien
Mais qu'est-ce que vous croyez ? Que je vais vous détailler le mollet qui percute doucement la jambe de celui assis sur la banquette d'en face ? Le "Excusez-moi", et puis illico, imprévisible, plongeon dans un regard noir hypnotique ? Et que ça durera quelques minutes, le temps que l'un des deux oiseaux s'envole de la cage parce que c'est sa station ? Non, non. On m'a dit que parfois, les deux héros de cette petite histoire poussent plus loin, s'échangent numéro de téléphone, mais... chhhut ! Ne le dites à personne. Non, je ne vous dirai rien de tout ça. Je vous laisse imaginer, ou vous souvenir.
Par Maud Thalys