Si détestez votre père (ou bien votre mère, mari, frère, patron, rayez les mentions inutiles), vous pouvez vous vengez. Faites comme Louise Bourgeois, la vieille dame indigne qui s'expose à Beaubourg : créez des oeuvres terribles, qui rappellent toutes vos douleurs personnelles, et faîtes le savoir. Vous verrez, vous vous sentirez beaucoup (ou du moins, un peu) mieux.
Louise Bourgeois, qui aura cent ans dans trois ans, n'a jamais supporté que son père, tapissier de son état, accueille sa maîtresse dans la maison familiale de Choisy-le-Roi. Hantée toute sa vie par cette trahison, Louise Bourgeois va créer une oeuvre artistique en conséquence. L'image du père, de la famille, de la maternité et de la mère sont le fruit d'une sublimation de ses hantises personnelles.
Ca pourrait être déprimant, mais vous verrez, c'est souvent drôle et cynique à souhait.
Sitôt partie aux Etats Unis dès 1838, la "scandaleuse" aux faux airs de bourgeoise (sur les photos, elles est toujours très chic et sage) recrée son univers d'enfant avec des objets encagés, une maquette de sa maison de famille menacée par une (vraie) guillotine, des poupées de laine qui accouchent, de gigantesques araignées en bronze en hommage à sa mère idéale, un grand phallus en résine nommé "Fillettes", etc, etc....
C'est déroutant, détonnant, angoissant, "questionnant", mais après ça, on se dit qu'elle a vraiment parlé pour nous, la Louise, féministe bien avant l'heure....
Louise Bourgeois au Centre Pompidou jusqu'au 2 juin. Ouvert tous les jours sauf le mardi et le 1er mai de 11h à 21h. Nocturnes le jeudi jusqu'à 23h (Profitez en, à la nuit tombée, c'est superbe et il y a moins de monde). Billet " Musée et Expo " de 10 à 12 euros. TR: 9 et 8 euros. www.centrepompidou.fr