Le biopic étant un exercice difficile et souvent périlleux, j’éprouvais
quelques appréhensions quant au résultat. Mais finalement, mon choix s’est fait
de manière tout à fait naturelle, portée par le ressenti et les émotions
dégagées.
D’abord, il y a eu Yves Saint Laurent, en début
d’année. Un casting magnifique (Pierre Niney et Guillaume Gallienne dans les
rôles titres) pour un film discipliné, sans doute un peu de trop. Le sujet est
sensible, les émotions bien mises en évidence et pourtant, il m’a semblé que le
tout manquait cruellement de sensibilité, de parfum de scandale et de
haute-couture là où précisément, j’aurais souhaité en voir d’avantage. Peut-être
est-ce le choix d’avoir traité une très longue période qui rend le long-métrage
maladroit ? Ou encore cette volonté de s’axer sur le personnage de Pierre
Bergé qui, bien que fort intéressant, ne justifie pas vraiment le titre ?
Au final, à force de butiner d’un sujet à l’autre sans jamais s’y attarder et
d’opter pour une vraie rigidité de propos, cet Yves Saint Laurent reste trop en
surface pour gagner en crédibilité. Et il laisse derrière lui un sentiment
d’inachèvement fort dommage. J’aurais vraiment espéré une prise de risques plus
grande mais le film ne m’aura pas marquée. Et je le déplore car ce que l’on ne
peut lui enlever, c’est qu’il est admirablement bien joué.
Tout cela pour en venir à Saint Laurent, décidément
plus sulfureux mais très attirant. Dès le début, il m’est apparu une
évidence : le film est loin d’être parfait –assurément bien moins parfait
que le premier, je le concède. Seulement voilà : il « vit ». Sa
structure, les choix de ses thématiques ont font une œuvre qui dérange et
fascine, mais surtout, qui a su opter pour une période bien précise de la vie
du couturier. En cela, le biopic est de suite plus pertinent. Je me suis vue
captivée du début à la fin, dans le travail comme la débauche, dans la mode
comme dans la fantaisie. Moins sage que son aîné, il parvient à faire revivre
une époque et un état d’esprit et gagne en passion comme en perversion. Plus
malsain ? Assurément. Mais j’aime que le cinéma me pousse dans mes
retranchements et me sorte de ma zone de confort. Mission accomplie avec brio
et sensualité. Et encore d’avantage puisque ce Saint Laurent ne manque
pas de panache, tant dans l’esthétique que dans son jeu.
Ma préférence semble donc évidente et fort marquée. Les films vont et viennent, apportant leurs lots
de surprises : j’aurais pensé préférer le premier pour tout vous dire. Et
pourtant ! Le deuxième se révèle être un vrai coup de cœur. J’ai néanmoins entendu
tant d’avis différents et d’arguments sur le sujet que je serais bien curieuse
de connaître le vôtre !