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#jaimoncharlie

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Pire qu’un premier jour des soldes.

05h40 : le réveil sonne. Ça doit être la première fois de ma vie que cela m’arrive de me lever si tôt.

06h00 : j’arrive devant mon bureau de tabac qui ouvre de si bonne heure et il y a déjà la queue.

06h05 : toujours dans la queue, le buraliste annonce qu’il a vendu ses 15 journaux.

06h10 : j’achète Libé, le hors série de Siné Mensuel et Le Canard Enchaîné, parce que je suis aussi venue pour ça.

06h20 : je remonte chez moi, fais couler une cafetière et regarde sur internet les horaires d’ouverture des autres vendeurs de presse à coté de chez moi. Deux ouvrent dans quelques minutes, un à 06h30, l’autre à 07h.

06h30 : je suis devant un nouveau bureau de tabac où est noté sur la vitrine “exceptionnellement fermé le 14 janvier”. Ça me fait beaucoup rire, et je m'interroge quand même sur le projet du buraliste “tiens j’ai la flemme de voir tous ces cons qui veulent le Charlie, j’ouvre pas et puis c’est tout. YOLO !”

06h40 : je suis devant l’autre bureau de tabac qui doit ouvrir dans 20 minutes. Je suis seule. Je regarde les horaires sur la vitrine : ouvert du lundi au samedi de 07h30-19h. FAIL. Il ne pleut pas pas, ne fait pas trop froid, je décide d’attendre. Quelques petites minutes plus tard je suis rejoins par un jeune homme très sympa, puis une dame plus âgée. La conversation s’installe et nous sommes vite une petite dizaine aux alentours de 07h00.

07h10 : la boulangerie d’à côté est ouverte depuis quelques minutes, je résiste pour ne pas succomber à l’appel de l’odeur du croissant.

07h20 : je fume une clope, il commence à pleuvoir, il fait froid et j’en ai marre.

07h25 : je me dis que ces cons là de Charlie ont réussi à me faire lever de si bonne heure, et aussi de vaincre ma claustrophobie samedi dernier lors de la marche à Nantes. Ça me fait marrer.

07h35 : le bureau de tabac n’est pas encore ouvert, la queue doit compter une 20aine de personnes. Devant nous, entre la porte du bureau de tabac et la grille se trouve le carton avec les journaux dedans. On plaisante avec la policière qui, elle aussi, veut acheter son Charlie, en lui disant de fermer les yeux parce qu’on allait voler les Charlie et les revendre au black un peu plus loin. Elle est ok si on lui en vend un pas trop cher. On prévoit également de faire des thermos de café ainsi que des gâteaux pour demain matin et d'en vendre aux alentours des kiosques. On se marre comme des débiles.

07h37 : le buraliste arrive enfin, ouvre sa boutique et nous nous abritons tous au sec en respectant notre ordre d’arrivée, sans se bousculer.

07h38 : je demande le Charlie, un paquet de cigarettes blondes (je l’ai bien mérite) et un Mars (je l’ai bien mérité aussi).

09h00 : autour d’un café bien chaud, de mon Mars, et en fumant des clopes, les larmes se sont mélangés aux rires pendant ma lecture de Charlie Hebdo.

Je me souviens pourquoi je l’achetais si régulièrement avant. En revanche je ne sais pas pourquoi cela faisait si longtemps que je ne l’avais pas lu et acheté.

L’archiviste que je suis va le mettre avec les autres numéros de Charlie (mais pas que !) qui me tiennent à coeur, que je garde depuis des années ; et le ressortir de temps en temps en espérant ne plus trop pleurer.

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