Flash-back. Il y a quelques années, un peu de politesse et une pointe de sourire ultra-bright vous donnaient le droit à quelques minutes dans l'antre de Messieurs les pilotes. Mais depuis 2001, les nouvelles règles de sécurité ont verrouillé l'accès au cockpit. La seule façon d'y accéder : devenir hôtesse de l'air, pilote... ou une gentille journaliste !
Le vol 985 à destination de Ténérife, dans l'archipel des Canaries, tombe à pic. Ce jour-là, point de vol commercial, ni de passagers classiques mais un avion affrété spécialement pour nous - équipe de professionnels du tourisme - pour un voyage d'affaire.
C'est le moment ou jamais de m'introduire dans les "coulisses" de l'avion...
Je me précipite donc sur un jeune steward et lui explique ma mission spéciale. Un coup d'il à ma carte de presse le rassure : "Je vais voir ce que je peux faire et je reviens vers vous". Mais les heures passent et mon jeune ami n'a toujours pas de réponse à me donner...
Alors que tout espoir m'a quitté et que je me console dans les pages d'un polar à sensation, le verdict tombe : "Vous pouvez y aller ! En revanche, comme vous devez le savoir, l'atterrissage est une phase critique. Evitez de questionner les pilotes".
Evidemment que je le sais. J'ai fait le stage anti-stress moi, monsieur...
A pas de loup, je pénètre dans le repaire des hommes de l'air. Le steward m'harnache au siège et referme la porte sur moi. Je suis seule, face à mon reportage...
Il fait déjà nuit.
A lire aussi : "J'ai testé le stage anti-stress d'Air-France !"
Autour de moi, c'est Noël ! Les boutons de commande du cockpit scintillent comme des centaines de guirlandes tandis que les lumières de Ténérife se devinent au loin...
Un mélange d'excitation, d'émotion (et de légère appréhension) s'empare de moi.
Tandis que j'essaye de me souvenir des différentes étapes de la phase d'approche, une alarme se met à hurler dans le cockpit. Mais ce n'est pas le moment de déranger ces messieurs avec mes questions de journaleuse. Je mets mes interrogations et ma trouille dans ma poche... et 10 000 mouchoirs par-dessus !
Les pilotes règlent leurs sièges, tripotent les commandes, examinent une carte, discutent avec leurs copains de la tour de contrôle. Le sol n'est plus très loin, il est temps de demander l'autorisation d'atterrir. Comme pour me rappeler le dénouement proche, une voix beugle l'altitude de l'appareil dans un anglais impeccable :
two thousand... One thousand... Five hundred !!!
La cabine se balance (violemment !) au rythme des alizés. Je rêve alors à mon lit, à mon canapé, à une plage ou même à mon bureau resté sagement à Paris. Tout, pourvu que l'on me rende la terre ferme ! Que voulez-vous, je suis d'un signe d'eau, moi.
Sur la piste, les huit lumières (quatre à gauche, quatre à droit) m'indiquent que l'appareil est bien positionné pour se poser. Je retiens mon souffle : one hundred... L'oiseau de fer touche enfin la piste.
Merci messieurs pour ce moment unique et ce joli reportage que vous m'avez offert...
Même pas peur !