Je vais à la plage
Et une plage est une source d'angoisses non assumées, parfois depuis l'enfance.
La mer, d'abord. Oui, c'est beau. Mais c'est sournois.
1- La marée. Je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle la mer va venir recouvrir mes petites affaires étalées. Est-ce que je peux m'endormir tranquille ? Sans être réveillée par un déversement d'eau froide, et mes lunettes de soleil embarquées ? Je pose la question.
2- Je n'arrive pas à déterminer exactement le moment où je n'ai plus pied, seuil psychologique important, à cause des vagues qui faussent tous les calculs.
3- Il y a des courants, et on m'a dit " Il faut faire attention ". Mais qu'est-ce que ça veut dire " faire attention " à un courant ? Se sauver quand on le voit arriver ? Ou bien regarder le bord pour vérifier qu'on ne dérive pas.
4- On ne voit pas bien ce qu'il y a dedans. Au bord, les coquillages qui entaillent les pieds. Un peu plus loin, les rochers qui éraflent la cuisse de telle manière qu'en maillot, on est défigurée. Et puis tout ce peuple de l'ombre. Les méduses, glauques et visqueuses, parfois, c'est vivant. Comment être sûre d'éviter ce pudding marin ?
5- Je suis une bonne nageuse et je m'éloigne pas mal vers le large. Là, l'angoisse. Je ne sais pas du tout ce qu'il y a sous mes pieds... et si... non, non, il n'y a pas de requins ici, et Steve, mon prof de plongée, m'a expliqué qu'en fait ils n'attaquent presque jamais... Presque...
Le sable fin et le soleil
1- La marque du maillot, je ne pourrais jamais l'éviter complètement, à moins de faire de l'intégral et de risquer de me faire embarquer. Le tout est de varier les formes pour couvrir un bon bout de terrain.
2- Quand je sens que la peau tire, il est déjà trop tard. Je suis bonne pour une soirée au nez rouge, et même avec un coup de fond de teint beige, il sera quand même gonflé. Pour draguer, il faudra attendre demain. Dur dur.
3- Ma délicieuse crème fondante aux agrumes captive littéralement les guêpes du coin. Selon mon degré de psychose, je les chasse négligemment de la main, ou bien je me lève et j'entame une danse zoulou avec petit cri pour semer la bestiole.
" Bon, on arrête de psychoter, et on lâche prise ? "
Par Maud Thalys