Bon, je dois avouer que je suis bien embêtée. D'un côté, j'ai promis à la rédaction de ne pas mentir. De l'autre, je tiens quand même à ce qu'il y ait une nouvelle génération pour me payer ma retraite. Mais ma conscience professionnelle prend le dessus : juré, je vous dis toute la vérité.
Préambule 1
La démonstration qui va suivre portera sur les accouchements avec péridurale. Parce que c'est ce que j'ai connu, et que me demander de parler d'un accouchement sans péridurale, ça serait comme demander à une femme-tronc de parler du dernier vernis à la mode.
Préambule 2
C'est pas facile d'expliquer la douleur. C'est vrai quoi, tout est relatif (seule la vodka est "absolue"). Et ce qui en ferait hurler certains en chatouillerait à peine d'autres. (Cf la réaction de votre mec quand il se coupe le doigt avec une enveloppe).
Aussi j'ai choisi, pour illustrer mes explications et situer la douleur, de m'appuyer sur un référent connu de tous : le petit orteil qui se cogne violemment, pieds nus, contre le rebord d'un meuble.
Et je m'en vais vous prouver qu'un accouchement, finalement, c'est pas vraiment pire.
1. La douleur d'accouchement, on y est préparées.
Depuis 9 mois, on sait qu'il faudra y passer. Mieux que ça, on connaît même, grâce à la DPA (Date Prévue d'Accouchement), et à quelques jours près, le moment précis où on commencera à jongler. Or, on note rarement dans son agenda quel jour on prévoit de se fracasser l'orteil contre le meuble.
2. La douleur d'accouchement est progressive
Contrairement à l'orteil dans le meuble. Enfin sauf si on s'amuse à le taper de plus en plus fort, mais ça c'est une autre histoire. La douleur d'accouchement, elle, commence piano piano. Par une crampe dans le ventre à couper le souffle. Une seconde, à peine. Sur le coup, on a l'impression de n'avoir jamais eu aussi mal de notre vie. Dans quelques heures, au milieu des vraies contractions, on repensera avec un sourire ému et nostalgique à ce qui n'était finalement qu'un chatouillement dans le bas-ventre.
3. La douleur d'accouchement, on la connaît bien
Beaucoup mieux en tout cas que celle causée par le choc d'un orteil sur un meuble. A moins, certes, d'avoir pour principe de vie de les cogner l'un contre l'autre à une fréquence mensuelle. Les contractions, elles, ne seront pas sans vous rappeler les douleurs de règles, en puissance quelque peu (30 fois environ) supérieure.
4. Pendant l'accouchement, il y en a même qui crient pas
Si si, je vous jure, les Asiatiques souvent, par exemple, question de principes et de culture. Or, je vous mets au défi de me trouver une personne qui ne crie pas quand elle se prend l'orteil dans le meuble, principes ou pas, culture ou pas.
5. Malgré les douleurs d'accouchement, il y en a beaucoup qui remettent ça
Les mêmes qui ont juré, pendant quelques minutes, que leur mec aura l'obligation d'enfiler 7 capotes pour être sûre de pas avoir à remettre ça, finissent souvent par décider d'agrandir la famille et le périmètre de leur... Non, rien... Rares sont celles en revanche, qui décident un beau matin que oui, ça y est, elles sont prêtes, et confient le soir venu : "Chéri, si tu es d'accord, j'aimerais d'ici deux semaines me retaper l'orteil sur le pied du lit".
Enfin, et surtout, les douleurs d'accouchement, c'est pour la bonne cause. D'ailleurs, en découvrant son bébé, on lui pardonne instantanément. Tandis que cette table, là, elle aura beau se plier en 4, elle a perdu à tout jamais un peu de notre estime. Alors, entre accoucher et vous cogner le pied, votre choix est-il fait ?