Entre baisse de libido et frigidité, il y a un (grand) pas ! Pourtant, on a tendance à s'inquiéter dès que le désir bat de l'aile. L'éclairage d'un spécialiste sur les questions qui nous titillent.
Je n'ai jamais d'orgasme, ça veut dire que je suis frigide ?
On définit la frigidité comme l'absence de désir, avec un désintérêt majeur (voire un dégoût) pour la sexualité.
Et il est forcément difficile, lorsque l'on n'a pas de désir, d'éprouver du plaisir.
Les femmes frigides peuvent avoir des relations sexuelles, mais celles-ci sont sans saveur et elles n'éprouvent pas de sensations orgasmiques.
D'ailleurs, comme la lubrification se fait mal, les rapports peuvent être douloureux au moment de la pénétration.
Mais attention, il ne faut pas confondre frigidité et anorgasmie !
On peut avoir du désir, lubrifier, mais ne pas parvenir à l'orgasme.
Ca ne veut pas dire pour autant qu'on est frigide.
Il s'agit souvent d'un refus inconscient de lâcher prise, de s'abandonner au moment culminant de la relation sexuelle.
D'où ça peut venir ?
La frigidité peut avoir plusieurs causes :
- Une éducation très rigide avec des messages visant à donner de la sexualité une image sale et repoussante.
- Un traumatisme (viol, attouchements, inceste...).
- Une première expérience ratée
- Ou encore une volonté d'avoir le contrôle sur son corps et sur l'autre.Mais il se peut également que des problèmes ponctuels (stress au travail ou problèmes dans le couple par exemple) influent sur le désir.
On peut alors vivre une période de remise en question profonde de ses envies sexuelles.
Enfin, il peut aussi y avoir des causes médicales :
La prise de certains antidépresseurs peut annuler la libido tout comme certaines maladies (diabète notamment) ou encore certains moments de la ménopause.
Qu'est-ce que je peux faire pour retrouver du plaisir ?
Environ 20% des femmes auraient des épisodes de frigidité provisoires, qui peuvent faire suite à un évènement difficile ou douloureux comme un deuil, un licenciement ou même un accouchement.
Dans ces cas là, le désir, même s'il met du temps, revient toujours.
Le déblocage se fait surtout par des approches psychologiques et par la sexothérapie.
Il faut déjà retrouver le désir, se revivre comme une femme désirante donc désirable.
C'est important d'effectuer un retour vers soi, par exemple à travers la masturbation, qui permet de remettre le désir en circulation dans le corps, et la reconnaissance de ses fantasmes.
Ensuite, il est nécessaire de reprendre confiance en soi et en son corps.
Les thérapies comportementales et des approches psychocorporelles comme la sophrologie peuvent aider.
Enfin, il est toujours bon d'entamer une thérapie de couple car le problème est souvent relationnel.
On ne peut pas se soigner seule sans chercher aussi à guérir les dysfonctionnements dans le couple.
Et en cas de traumatisme plus ancien, l'EMDR (thérapie via la stimulation sensorielle et notamment les mouvements des yeux) et l'hypnose apportent de bons résultats.
Merci à Alain Héril, psychothérapeute et sexothérapeute, auteur de "Les continents féminins" (Editions Jean-Claude Gawsewitch) et "Pour développer sa libido", collection coaching méditatif (Editions Bussière).