Cela fait deux ans que plongeurs et spécialistes s’affairent auprès d’une épave antique qui gît par 62 m de fond au large d’Anticythère, une petite île grecque. Du navire romain échoué ont déjà été remontés de nombreux objets, plus ou moins précieux : statues et statuettes, de bronze ou de marbre, instruments de musique, amphores, matériel chirurgical… Mais ce jour-là, c’est un fragment de métal corrodé bien étrange qui est rapporté sur le site des recherches. Valerios Stais, un archéologue grec, s’y intéresse de près. Il remarque que ces restes recèlent des inscriptions et des engrenages incrustés. La Machine d’Anticythère était découverte et c’était il y a 115 ans maintenant !
Il n’a pas été aisé de dater la Machine d’Anticythère. Les premiers chiffres annonçaient une origine vers 85 avant JC, mais des études récentes ont montré qu’elle était plus ancienne encore (aux environs de 150 avant JC). Son dispositif à manivelle était très en avance sur son temps : il faudra attendre les montres du 18ème siècle pour retrouver des mécanismes aussi précis et complexes. La machine n’a pas été facile à analyser. Son mécanisme comprend 82 fragments qui ont été retrouvés à différents moments de recherche. Leur extrême fragilité interdit de les démonter, ils ont donc été observés aux rayons gamma, puis aux rayons X. C’est ainsi qu’on a pu découvrir que le mécanisme contenait une trentaine de roues dentées, et il a été possible de lire une grande partie des caractères grecs qui le recouvraient. Il s’agit principalement d’un traité d’astronomie et du mode d’emploi de la machine.
La Machine d’Anticythère est ainsi le plus vieux mécanisme à engrenages connu. C’est en fait un calculateur astronomique, utilisé pour suivre les positions des planètes, prédire les éclipses solaires et lunaires, et indiquer la date de divers jeux antiques. La machine a aussi probablement servi pour la navigation. Elle était logée dans une caisse en bois et en bronze de la taille d’une boîte de chaussures. Parmi les concepteurs évoqués pour cette invention, on retrouve Hipparque, le fondateur de la trigonométrie, ainsi qu’Archimède. Aujourd’hui on peut voir les fragments de ce mécanisme antique au musée national archéologique d’Athènes.
Par sa complexité et le soin nécessaire à sa réalisation, par ce qu’elle montre des savoirs en mécanique et en astronomie, la machine d’Anticythère a remis en question les connaissances historiques sur les sciences grecques. Ce doodle illustre à quel point même une simple pièce rouillée peut ouvrir un monde de connaissances et d’inspiration !
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